Objectifs : 1/ connaître Voltaire, philosophe des Lumières 2/ percevoir l’ironie dans un texte
A quoi ressemblait la guerre à l’époque de Voltaire ?
Voltaire a vécu au 18ème siècle, sous le règne de Louis 15. Cette époque est marquée par la Guerre de Sept ans (1756-1763) qui fait s’affronter beaucoup de grandes puissances de l’époque. Vous pouvez voir à quoi ressemblait cette guerre dans la vidéo ci-dessous.
Qui était Voltaire ?
Voltaire était un philosophe des Lumières (du 18ème siècle). Il a notamment écrit le conte philosophique “Candide ou l’Optimisme”, qui raconte les aventures de Candide, jeune héros naïf, à travers différents pays. Dans cet extrait très célèbre, Candide assiste à une guerre entre les Abares et les Bulgares. Voltaire cherche à y dénoncer la guerre de manière humoristique.
Extrait de “Candide” de voltaire
Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer.
Les canons renversèrent d’abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d’hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu’il put pendant cette boucherie héroïque.
Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum, chacun dans son camp, il prit le parti d’aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d’abord un village voisin ; il était en cendres : c’était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes ; là des filles, éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros, rendaient les derniers soupirs ; d’autres, à demi brûlées, criaient qu’on achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de jambes coupés.
Candide s’enfuit au plus vite dans un autre village : il appartenait à des Bulgares, et des héros abares l’avaient traité de même. Candide, toujours marchant sur des membres palpitants, ou à travers des ruines, arriva enfin hors du théâtre de la guerre, portant quelques petites provisions dans son bissac, et n’oubliant jamais mademoiselle Cunégonde. Ses provisions lui manquèrent quand il fut en Hollande ; mais ayant entendu dire que tout le monde était riche dans ce pays-là, et qu’on y était chrétien, il ne douta pas qu’on ne le traitât aussi bien qu’il l’avait été dans le château de monsieur le baron avant qu’il en eût été chassé pour les beaux yeux de mademoiselle Cunégonde.
VOLTAIRE (1694-1778), Candide (1759), chapitre troisième (extrait)
Quelques pistes de lecture …
1 – Lisez le premier paragraphe. Voltaire met-il la guerre en valeur ? Comparez cette première description de la guerre à la scène du film Barry Lyndon.
Dans un premier temps, Voltaire met la guerre en valeur en utilisant des termes mélioratifs pour décrire les deux armées (“beau”, “leste”, “brillant”, “ordonné). Il parle également de l’harmonie musicale des hautbois, des tambours, etc. Il décrit donc la préparation du combat entre les deux armées comme l’on décrirait un beau spectacle. Cette description est assez semblable à la scène de guerre du film Barry Lyndon : là aussi, dans un premier temps, on est frappé par la beauté des deux armées.
Mais très vite, l’ironie voltairienne apparaît, puisqu’il est dit avec humour que les canons viennent détruire tout ce beau monde.
2 – Lisez le deuxième paragraphe. En quoi la guerre y est-elle décrite avec humour ? En quoi l’expression ”boucherie héroïque est-elle drôle ?
Julia et Dyna ont répondu …
Voltaire décrit la guerre avec humour et ironie en disant que c’est quelque chose de magnifique ou d’exemplaire (il parle même de “meilleur des mondes”) alors que c’est une guerre atroce avec beaucoup de morts.
L’expression « boucherie héroïque » est drôle car elle est ironique : Voltaire compare des hommes tombés à la guerre à des hommes envoyés à l’abattoir. Il s’agit aussi d’une figure de style : l’oxymore.
3 – Lisez le troisième paragraphe. Qui sont les victimes de la violence guerrière ? Relevez le champ lexical du corps torturé.
Julia a répondu …