Objectif : 1/ Je sais ce que c’est qu’un monologue 2 / J’’étudie un monologue célèbre
Un monologue est une scène de théâtre dans laquelle un acteur est seul et se parle à lui-même
Lors de la querelle des pères (cf séance 2), le vieux Don Diègue, récemment nommé au poste de gouverneur du fils du roi de Castille, a été giflé par un Don Gomès fou de jalousie. Trop vieux pour se battre, il n’a pas pu se venger … Déshonoré, il se lamente dans ce monologue.
Don diègue
Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie !
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
Mon bras, qu’avec respect toute l’Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
Ô cruel souvenir de ma gloire passée !
Œuvre de tant de jours en un jour effacée !
Nouvelle dignité, fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d’où tombe mon honneur !
Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
Comte, sois de mon prince à présent gouverneur :
Ce haut rang n’admet point un homme sans honneur ;
Et ton jaloux orgueil, par cet affront insigne,
Malgré le choix du roi, m’en a su rendre indigne.
Et toi, de mes exploits glorieux instrument,
Mais d’un corps tout de glace inutile ornement,
Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
M’as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le dernier des humains,
Passe, pour me venger, en de meilleures mains.
Etude détaillée du MONOLOGUE de don Diègue
Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie !
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
Ici, Don Diègue prend conscience du fait que sa vieillesse le freine de plus en plus, et qu’il n’est plus aussi vaillant qu’autrefois. Il se voit décliner avec l’âge, et il ne peut rien y faire. C’est pourquoi il dit : “Ô rage, Ô désespoir, Ô vieillesse ennemie”. Quand il ajoute « N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? », cela signifie que lui qui a acquis de l’expérience et de l’honneur au fil des années n’est maintenant récompensé que par le déshonneur (l’infamie)
Il dit aussi qu’il a mis des années à acquérir la gloire (ses cheveux ont « blanchi dans les travaux guerriers ») mais qu’en un seul jour il a été déshonoré par Don Gomès : ses “lauriers”, qui représentent sa gloire militaire (les guerriers étaient couronnés d’une couronne de lauriers après une victoire), se sont “flétris”, c’est-à-dire fanés.
1 – En quoi Don Diègue a t-il été déshonoré par Don Gomès ?
Mon bras, qu’avec respect toute l’Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
Mais pourquoi Don Diègue parle t-il soudainement de son bras “qu’avec respect toute l’Espagne admire” ? C’est une façon de dire que “toute l’Espagne admire” la manière dont il manie l’épée. En vérité, cette admiration appartient plutôt au passé puisque le bras de Don Diègue ne lui permet plus de se battre contre Don Gomès pour venger son honneur.
2 – En quoi consistait la carrière de guerrier de Don Diègue ?
Ô cruel souvenir de ma gloire passée !
Œuvre de tant de jours en un jour effacée !
Nouvelle dignité, fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d’où tombe mon honneur !
Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
Comte, sois de mon prince à présent gouverneur :
Ce haut rang n’admet point un homme sans honneur
Ici, Don Diègue parle de son honneur : l’honneur et l’héroïsme du guerrier sont très importants pour un homme tel que lui. Mais depuis qu’il a été humilié par Don Gomès, il est déshonoré et vit dans la honte. Il ne se juge plus digne d’être gouverneur du fils du roi, puisque “ce haut rang n’admet point un homme sans honneur”
Et toi, de mes exploits glorieux instrument,
Mais d’un corps tout de glace inutile ornement,
Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
M’as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le dernier des humains,
Passe, pour me venger, en de meilleures mains.
Enfin, Don Diègue s’adresse à son épée, ce “glorieux instrument” de ses exploits, et lui dit : “passe, pour me venger, en de meilleures mains”
3 – À votre avis, à qui Don Diègue va t-il donner son épée pour le venger ? Quelles conséquences cela aura t-il ?
Travail de mise en voix
Entraînez-vous à lire le monologue à voix haute. Vous pouvez vous aider de la récitation ci-dessous.
Travail d’écriture
Don Diègue écrit une lettre à son fils Rodrigue pour lui demander de venger son honneur en se battant en duel avec Don Gomès, le père de Chimène. Dans cette lettre, il doit convaincre son fils que l’honneur de son père est plus important que l’amour de Chimène.