Objectif : j’étudie l’épisode final d’Aladdin ou la lampe merveilleuse
Le sultan a accordé à Aladdin quarante jours pour retrouver la princesse Badroulboudour. S’il ne la retrouve pas, il lui fera couper la tête.
Le désespoir d’Aladdin
Il allait se jeter dans la rivière, selon la résolution qu’il venait de prendre ; mais il crut en bon Musulman fidèle à sa religion, qu’il ne devait pas le faire, sans avoir auparavant fait sa prière. En voulant s’y préparer, il s’approcha du bord de l’eau pour se laver les mains et le visage, suivant la coutume du pays ; mais comme cet endroit était un peu en pente, et mouillé par l’eau qui y battait, il glissa, et il serait tombé dans la rivière s’il ne se fût retenu à un petit roc élevé hors de terre environ de deux pieds. Heureusement pour lui il portait encore l’anneau que le magicien africain lui avait mis au doigt avant qu’il descendît dans le souterrain pour aller enlever la précieuse lampe qui venait de lui être enlevée. Il frotta cet anneau assez fortement contre le roc en se retenant ; dans l’instant le même génie qui lui était apparu dans ce souterrain où le magicien africain l’avait enfermé, lui apparut encore :
« Que veux-tu, lui dit le génie ? Me voici prêt à t’obéir comme ton esclave et de tous ceux qui ont l’anneau au doigt, moi et les autres esclaves de l’anneau. »
Aladdin agréablement surpris par une apparition si peu attendue dans le désespoir où il était, répondit : « Génie, sauve-moi la vie une seconde fois, en m’enseignant où est le palais que j’ai fait bâtir, ou en faisant qu’il soit rapporté incessamment où il était. » « Ce que tu me demandes, reprit le génie, n’est pas de mon ressort : je ne suis esclave que de l’anneau, adresse-toi à l’esclave de la lampe. » « Si cela est, repartit Aladdin, je te commande donc par la puissance de l’anneau, de me transporter jusqu’au lieu où est mon palais, en quelqu’endroit de la terre qu’il soit, et de me poser sous les fenêtres de la princesse Badroulboudour. À peine eut-il achevé de parler, que le génie le transporta en Afrique, au milieu d’une prairie où était le palais, peu éloigné d’une grande ville, le posa précisément au-dessous des fenêtres de l’appartement de la princesse, où il le laissa. Tout cela se fit en un instant.

Quelques pistes de lecture …
1 – Pourquoi Aladdin est-il désespéré ?
2 – Comment fait-il apparaître le génie de l’anneau ?
Aladdin retrouve la princesse badroulboudour
La princesse Badroulboudour se levait plus matin qu’elle n’avait coutume depuis son enlèvement et son transport en Afrique par l’artifice du magicien africain, dont jusqu’alors elle avait été contrainte de supporter la vue une fois chaque jour, parce qu’il était maître du palais ; mais elle l’avait traité si durement chaque fois, qu’il n’avait encore osé prendre la hardiesse de s’y loger. Quand elle fut habillée, une de ses femmes, en regardant au travers d’une jalousie, aperçoit Aladdin. Elle court aussitôt en avertir sa maîtresse. La princesse qui ne pouvait croire cette nouvelle, vient vite se présenter à la fenêtre, et aperçoit Aladdin. Elle ouvre la jalousie. Au bruit que la princesse fait en l’ouvrant, Aladdin lève la tête, il la reconnaît ; et il la salue d’un air qui exprimait l’excès de sa joie. « Pour ne pas perdre de temps, lui dit la princesse, on est allé vous ouvrir la porte secrète, entrez et montez. » Et elle ferma la jalousie.
La porte secrète était au-dessous de l’appartement de la princesse ; elle se trouva ouverte, et Aladdin monta à l’appartement de la princesse. Il n’est pas possible d’exprimer la joie que ressentirent ces deux époux de se revoir après s’être cru séparés pour jamais. Ils s’embrassèrent plusieurs fois, et se donnèrent toutes les marques d’amour et de tendresse qu’on peut s’imaginer, après une séparation aussi triste et aussi peu attendue que la leur. Après ces embrassements, mêlés de larmes de joie, ils s’assirent ; et Aladdin en prenant la parole : « Princesse, dit-il, avant de vous entretenir de toute autre chose, je vous supplie au nom de Dieu, autant pour votre propre intérêt et pour celui du sultan votre respectable père, que pour le mien en particulier, de me dire ce qu’est devenue une vieille lampe que j’avais mise sur la corniche du salon à vingt-quatre croisées, avant d’aller à la chasse? »
« Ah, cher époux, répondit la princesse, je m’étais bien douté que notre malheur réciproque venait de cette lampe ; et ce qui me désole, c’est que j’en suis la cause de moi-même ! » « Princesse, reprit Aladdin, ne vous en attribuez pas la cause, elle est toute sur moi, et je devais avoir été plus soigneux de la conserver ; ne songeons qu’à réparer cette perte ; et pour cela faites-moi la grâce de me raconter comment la chose s’est passée, et en quelles mains elle est tombée ? »
Alors la princesse Badroulboudour raconta à Aladdin ce qui s’était passé dans l’échange de la lampe vieille pour la neuve, qu’elle fit apporter afin qu’il la vit ; et comme la nuit suivante, après s’être aperçu du transport du palais, elle s’était trouvée le matin dans le pays inconnu où elle lui parlait, et qui était l’Afrique, particularité qu’elle avait apprise de la bouche même du traitre qui l’y avait fait transporter par son art magique.
« Princesse, dit Aladdin en l’interrompant, vous m’avez fait connaître le traitre en me marquant que je suis en Afrique avec vous. Il est le plus perfide de tous les hommes. Mais ce n’est ni le temps, ni le lieu de vous faire une peinture plus ample de ses méchancetés. Je vous prie seulement de me dire ce qu’il a fait de la lampe, et où il l’a mise ? » « Il la porte dans son sein enveloppée bien précieusement », reprit la princesse.
Aladdin et Badroulboudour conçoivent alors un plan pour tuer le magicien africain et récupérer la lampe merveilleuse : Aladdin part acheter du poison chez un marchand, et Badroulboudour sera chargée de recevoir le magicien dans le palais, de le séduire, et de glisser du poison dans son verre de vin.
badroulboudour empoisonne Le magicien africain
Après qu’ils eurent mangé quelques morceaux, la princesse demanda à boire. Elle but à la santé du magicien ; et quand elle eut bu : « Vous aviez raison, dit-elle, de faire l’éloge de votre vin, jamais je n’en avais bu de si délicieux. » « Buvons » En même temps elle porta à la bouche le gobelet qu’elle ne toucha que du bout des lèvres, pendant que le magicien africain vida le sien sans en laisser une goutte. En achevant de le vider, comme il avait un peu penché la tête en arrière pour montrer sa diligence, il demeura quelque temps en cet état, jusqu’à ce que la princesse, qui avait toujours le bord du gobelet sur ses lèvres, vit que les yeux lui tournaient, et qu’il tomba sur le dos sans sentiment.
Aladdin monta, et il entra dans le salon. Quand la princesse fut hors du salon avec ses femmes et ses eunuques, Aladdin ferma la porte ; et après qu’il se fut approché du cadavre du magicien africain, qui était demeuré sans vie, il ouvrit sa veste, et il en tira la lampe enveloppée de la manière que la princesse lui avait marqué. Il la développa, et il la frotta. Aussitôt le génie se présenta avec son compliment ordinaire. « Génie lui dit Aladdin, je t’ai appelé, pour t’ordonner de la part de la lampe ta bonne maîtresse, que tu vois, de faire que ce palais soit reporté incessamment à la Chine, au même lieu et à la même place d’où il a été apporté ici. » Le génie, après avoir marqué par une inclination de tête, qu’il allait obéir, disparut. En effet, le transport se fit, et on ne le sentit que par deux agitations fort légères : l’une, quand il fut enlevé du lieu où il était en Afrique, et l’autre, quand il fut posé à la Chine vis-à-vis le palais du sultan ; ce qui se fit dans un intervalle de très-peu de durée.

Quelques pistes de lecture …
Que fait Aladdin après la mort du magicien africain ?
Le retour d’Aladdin et de Badroulboudour en Chine
Aladdin fit enlever le cadavre du magicien africain, avec ordre de le jeter à la voirie pour servir de pâture aux animaux et aux oiseaux. Le sultan cependant, après avoir commandé que les tambours, les timbales, les trompettes et les autres instrumens annonçassent la joie publique, fit proclamer une fête de dix jours en réjouissance du retour de la princesse Badroulboudonr et d’Aladdin avec son palais.
